Le nouveau Hors-Série de Sciences et Avenir vient de sortir: nous vous y amenons notamment sur la mystérieuse île de Pâques. D'après une vidéo qui tourne actuellement sur le web, ses statues auraient pu "marcher", en étant tirées à bout de cordes! Une hypothèse plutôt sujette à caution...
Une « nouvelle théorie » sur la construction des grandes statues de pierre de l’île de Pâques, les moai, fait actuellement le tour du web, aidée par un documentaire produit pour la télé. Ces géants pesant environ 8 tonnes auraient « marché » depuis le volcan Rano Raraku jusqu’aux plates-formes où ils étaient érigés, tirés par des cordes, selon cette théorie avancée par deux chercheurs américains, Terry Hunt et Carl Lipo, reconstituée pour le documentaire.
« Cette théorie a été avancée et testée pour la première fois au début des années 80 par le tchèque Pavel Pavel, précise l’archéologue Michel Orliac, c’est le système de déplacement des frigos !». On fait avancer un objet massif en le balançant d’un côté, puis de l’autre, comme le montre cet extrait vidéo du documentaire :
Video :
http://bcove.me/pr9ydcxsLe spécialiste français de la civilisation pascuane n’est pas convaincu par cette théorie. « Il faut garder à l’esprit que le déplacement des moai n’est que la partie la plus ostentatoire et la plus “légère” du déploiement d’énergie considérable que nécessitait l’édification d’un monument cérémoniel » rappelle Michel Orliac.
Le chercheur fait référence aux plates-formes sur lesquelles les statues géantes sont érigées. Car elles sont également en pierre et constituées d'énormes blocs : il a bien fallu, eux-aussi, les déplacer... Et on n'a pas pu les faire bouger selon la technique du "frigo"! « L’hypothèse la plus probable est que les Pascuans utilisaient des rondins pour construire des trains de roulement, poursuit l’archéologue. C’est une technique qui était connue dans toute la Polynésie pour mettre hors de l’eau les navires ». Les trains de roulement auraient donc servi à la fois à faire bouger les statues et leurs socles de pierre.
La production des grandes statues a décliné en même temps que la forêt régressait sur l’île. Les troncs auraient manqué pour déplacer les moai. La proposition de Hunt et Lipo est alors paradoxale, analyse Michel Orliac : « pourquoi les Pascuans auraient-ils cessé l’érection des statues s’ils n’avaient pas besoin d’arbres pour les déplacer ? » s’interroge-t-il. La technique du "frigo" présenté par Hunt et Lipo a un autre défaut: quid des traces de frottements que les cordes auraient dû laisser sur les visages de pierre ?
La production des grandes statues a décliné en même temps que la forêt régressait sur l’île. Les troncs auraient manqué pour déplacer les moai. La proposition de Hunt et Lipo est alors paradoxale, analyse Michel Orliac : « pourquoi les Pascuans auraient-ils cessé l’érection des statues s’ils n’avaient pas besoin d’arbres pour les déplacer ? » s’interroge-t-il. La technique du "frigo" présenté par Hunt et Lipo a un autre défaut: quid des traces de frottements que les cordes auraient dû laisser sur les visages de pierre ?
« Le déplacement de moai n’est de toute façon pas la partie la plus intéressante de l’histoire des Rapanui » estime le chercheur. « On sait depuis fort longtemps déplacer de grosses pierres, comme en atteste la construction des pyramides égyptiennes. L’éventuelle légitime fierté des Rapanui devrait naître de l’extraordinaire exploit maritime qu’est la découverte de ce petit caillou caché au milieu de l’océan, de la richesse de leur mythologie, de l’invention d’une forme d’écriture et surtout de leur sens de l’adaptation qui triompha des assauts répétés du monde extérieur ». Bref, l’histoire de l’île de Pâques, Rapa Nui en polynésien, n'a pas fini d'être synonyme d'énigme
http://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/20120702.OBS5790/ile-de-paques-les-statues-ont-elles-marche.html